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Jhon Pi écrivain

le maitredes voix de retour

12 Mars 2012 , Rédigé par djeanpi Publié dans #le maitre des voix

Le ventre des abimes

 


Le campement était loin. Il fallut emprunter un tunnel creusé dans le rocher qui débouchait sur des fortifications de pierre brute. Des murs titanesques, avec une porte épaisse qui en commandait l’entrée. Ce n’était pas fini pour autant. La première cour n’était pas bien large et faite de chicanes. , il fallait emprunter un pont suspendu qui enjambait un fleuve. Cela ressemblait un peu aux fortifications de fortune des cavernes, en plus solide cependant. On marcha encore en silence dans un labyrinthe fait d’énormes rochers, entassés selon une logique précise.

-          Vous attaquer par la terre ferme semble difficile.

-          Vois tu mon garçon - la mère m’avait pris par l’épaule – les troupes du soleil noir ont essayé plusieurs fois, nous sommes toujours là.

-          Et par les airs ?

-          Là princesse ; tu marques un point. Heureusement que la grande partie des troupes est allée attaquer… Excuse-moi, je ne voulais pas dire cela.

Elle n’insista pas car devant nous s’ouvrait « le ventre des abîmes ».

-          Voilà notre antre. Suivez-nous et ne vous éloignez pas. Il fait noir comme dans le cul d’un ours. 

Un ours ? Jamais entendu parlé. Une centaine de mètres plus loin les abîmes s’ouvraient encore. La roche était plus claire et certainement plus friable à en croire les dizaines de tunnels qui s’enfonçaient plus bas. Une heure après nous débouchions enfin dans une grande salle. Sous nos yeux un campement gigantesque s’agitait. Cela ressemblait à nos cavernes : même humidité, mêmes recoins qui servaient d’abris à des enfants amoureux, des guerriers fatigués. Des falaises également, de grandes et impressionnantes falaises. On y avait creusé des grottes auxquelles on accédait par des échelles de corde. Les naufrageurs devaient être de solides gaillards pour entamer l’escalade. Pour les plus anciens on avait creusé, comme sur Orion de minuscules escaliers cachés au regard par des camouflages d’herbes et d’argile. Parfois les escaliers eux-mêmes s’enfonçaient au cœur même la roche et disparaissaient pour réapparaître plus loin mais il fallait avoir l’œil. Une véritable ruche et ces petites grottes comme autant d’alvéoles. Il devait y avoir selon les estimations de « la mère » dans les dix mille personnes. Chacun semblait savoir quelle était sa place. Devant les falaises certains gardaient les palissades donnant accès aux échelles ou aux escaliers, d’autres les puits. Des ateliers avaient été installés en contrebas. Armes, greniers, atelier de tissage, cuisine également. On y trouvait de tout. Rien d’élégant cependant mais ce n’était pas là un luxe auquel les naufrageurs aspiraient. C’était fonctionnel et réutilisable. Herbes, branchages, quelques solides caillasses, pas plus. « La mère » nous entraîna au pied d’une de ces échelles qu’elle grimpa sans gêne aucune malgré ces kilos superflus. En haut, un grand plateau avec quelques baraquements plus élaborés. On nous installa près de la cuisine : un immense fourneau sur lequel régnait un homme de petite taille. Tout était court chez lui : tête, corps, jambes... Sur Orion les habitants étaient plutôt grands, la peau blanche, les traits fins. Le cuistot ne prêtait guère attention aux deux imbéciles que nous étions et qui regardaient tout avec des yeux ronds. Il ordonnait et une armée de marmitons plus grands lui obéissait. La mère s’assit près de nous et commença à nous parler du sanctuaire mais je n’écoutais pas, trop occupé à dévorer une énorme cuisse d’une volaille que je ne connaissais pas mais que je trouvais fort à mon goût : de l’ours peut-être 

La suite c’est son altesse impériale qui me l’a raconté. En effet, je me serais endormi le premier en m’écroulant sur une outre de laquelle le vin s’écoulait au rythme de mes ronflements. C’est du moins ainsi qu’Oriana me présenta la chose. J’en doute, je ne ronfle pas, du moins personne ne s’en est plaint.

-          Pour en revenir à ton histoire, il va falloir me convaincre.

-          Je suis bien la princesse Oriana seule fille de l’empereur septième du nom. Il y a encore peu de temps tu n’aurais vu en moi qu’une détestable petite princesse impériale, capricieuse et insouciante.

Le feu qui crépitait incitait aux confidences, les flammes légères rendaient le lieu plus envoûtant encore. Oriana regarda en contre bas de la case principale ou ils se trouvaient : des milliers de petites lucioles, éclairaient le campement.

-          Mon royaume. Un pauvre royaume dont je suis « la mère » : c’est mon titre.

La « mère » n’était pas grosse, athlétique plutôt. Des cuisses charnues, une stature imposante, la poitrine rebondie. Le tout enserré dans un étroit carcan de métal. Heureusement, pensa Oriana, les seins avaient l’air si pesants ! La chevelure, si tant est qu’on puisse parler ainsi partait en tout sens. Et dire que sa gouvernante lui parlait de sa tignasse. Un bandeau en retenait la masse et on voyait bien le visage, rond lui aussi mais le front était large, les yeux clairs, la bouche pulpeuse. Avec quelques kilos de moins elle aurait été superbe mais Oriana arrêta là ses divagations, « La mère » se retourna vers elle

 

 -   Si ce que tu dis est vrai, nous voilà à l’heure du choix.

-   Aide-moi à retrouver le « maître des voix ».

-  A chaque jour suffit sa peine, ma belle.

Elle lui montra le lit puis souffla la bougie.

 

 

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